La LÉGENDE DU CALISSON SELON JPB !

Après le Da Vinci Code...

Voici le Calisson Code !

"Calicius & M-M"

La Légende revisitée !

 

Toute ressemblance avec le fameux roman de Dan Brown serait une pure coïncidence !

(Une simple galéjade provençale, vous l’aurez certainement compris)

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Sous l’Empire romain, sur les bords de l’étang de Berre, non loin d’Aquae Sextiae il y avait un domaine appelé « Calissanne » appartenant à un riche citoyen nommé Calicius… Des vignes, des oliviers et sans doute des amandiers faisant sa richesse et sa réputation !

Certains affirment même que ce pourrait être là, l’origine du Calisson !

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Certes, rien ne prouve qu’il y avait déjà des amandiers à Calissanne avant Jésus- Christ … mais pourquoi pas ?   Rien ne nous interdit de l’imaginer !

 « Si la légende est plus jolie que l’Histoire :  

    Racontez  La légende ! »

(Selon la formule de John Ford dans L’homme qui tua Liberty Valance , une légende parue en 1962)

 

Comme Jacques, le fondateur du Compagnonnage un siècle auparavant, Marie-Madeleine aurait débarqué en l’an 43 pour venir évangéliser la Provence, avec une soixantaine de fidèles sur un bateau ressemblant étrangement à un « calisson », sans rames ni voiles, porté en mer Méditerranée, grâce au mythique courant ligure de Jaffa jusqu’à proximité de Massilia.

Elle découvrit un « signe » lui indiquant l’endroit où s’arrêter.  Une montagne impressionnante, en forme d’un grand M veillant sur Aquae Sextiae, la belle cité romaine ! Montagne appelée plus tard Sainte-Victoire !  Pour convertir le peuple, elle eut alors l’idée avec sa sœur Marthe de mélanger des amandes de Calissanne trouvées sur les marchés aixois avec du miel et des fruits, afin de les distribuer lors de ses prêches avec Saint Maximin, l’évêque d’Aix !  Avec ces friandises, que l’on n’appelait pas encore calissons, Marie-Madeleine, l’apôtre préférée de Jésus, parvint à convertir les plus réfractaires en les incitant à mettre en pratique les paroles de son Maître :

Selon la célèbre formule « Aimez-vous les uns, les autres ».

Les paraboles venaient enfin d’arriver au pays de la galéjade !

Marie-Madeleine fut ensevelie à sa demande par Saint Maximin dans un mausolée appelé la Chapelle Saint-Sauveur où les Aixois aimaient se recueillir et prier. En 730, longtemps après sa mort, lors de l’invasion des Sarrasins en Provence, de pieux Aixois eurent l’idée de cacher son corps dans le cercueil de Saint Sidoine, successeur du premier évêque d’Aix, afin d’éviter sa profanation par les infidèles. Les restes de notre Sainte auraient été confiés alors aux moines Cassiannites dans leur couvent à Saint-Maximin. Le Duc d’Anjou les révélera bien plus tard à Saint Maximin. A Aix , Marie Madeleine restera ignorée pendant plus d’un siècle avant la construction d’une l’église, sur la place des Pêcheurs où  Joseph Martelly avait proclamé en 1629 son Vœu Historique, à la fin de la terrible épidémie de peste qui ravageait la cité aixoise. Après avoir renouvelé en janvier 1630 le Vœu Historique à la cathédrale, l’assesseur aurait-il eu l’idée, comme Marie-Madeleine quand elle convertissait jadis les Aixois, de faire  distribuer aux fidèles de petites douceurs, fabriquées bien sûr avec des amandes du pays, censées protéger de l’épidémie ? C’est une légende racontée plus tard.

 Puis, en 1654, eut lieu le mariage du roi René avec Jeanne de Laval à Angers en présence d’une délégation aixoise venue de la capitale de la Provence. Selon une légende, parue dans une publicité au XXe siècle, Tistet, le pâtissier du roi, était secrètement amoureux de sa future reine victime d’une maladie et qui ne souriait jamais. Il eut alors l’idée, lui aussi comme Marie-Madeleine, d’inventer et de lui offrir un dessert original à base de produits issus du pays de son futur époux. Réalisé avec des amandes, des melons confits du terroir et du miel. Miracle ! Elle sourit enfin lors du dessert et tous les convives présents s’exclamèrent alors en provençal :  « Maï dé que tasto nosto reino ? ». C’est alors que le plus malicieux d’entre d’eux affirma : « Di Câlin soun ! »         Ce sont des « câlins » !

L’appellation calisson venait-elle enfin de naître officiellement ?

Quant au mausolée de la Sainte Chapelle Saint Sauveur, il fut démoli et définitivement rasé en 1801 pour agrandir la cathédrale ! Seule une modeste plaque en marbre dans une chapelle, rappelle le passage de l’apôtre préférée du Christ à Aix.

Et de nos jours ?

Dans les années 1950, le poète, écrivain et félibre aixois Marcel Provence inventa la Légende de la Bénédiction des Calissons dans son livre Le Cours Mirabeau, pour son ami Paul Borrelly, conseiller municipal, président de l’Office du tourisme, fabricant de calissons, avec qui il venait d’inaugurer le 1er théâtre de verdure à Aix. On lui doit, entre autres, l’invention des Nuits de la Citadelle à Sisteron !

Faute de graves épidémies pendant plus de cent ans, le clergé et les Aixois avaient oublié bien vite le vœu Historique Martelly de 1630. Ce n’est qu’en 1986 que la Confrérie des Pâtissiers de la Coupo Santo eut l’idée de rendre aux Aixois cette cérémonie. Mais comment arriver à les convaincre de revenir à la cathédrale comme autrefois ?  Avec la gourmandise et les calissons « L’envie d’avoir envie… », comme l’avaient fait Marie-Madeleine, l’assesseur Martelly et Tistet ? 

C’est la raison pour laquelle il fût décidé d’associer le Vœu avec la désormais traditionnelle Bénédiction des Calissons célébrée en l’église Saint-Jean-de-Malte, en présence successivement de trois archevêques, dont un cardinal.  Ainsi, depuis plus d’une vingtaine d’années, des milliers de gourmands et de fidèles renouvellent chaque année le Vœu Martelly de 1630 et depuis 2020 le Vœu de Marie Madeleine par le Prévôt de notre Confrérie « en même temps » le matin à la cathédrale, suivis de  la bénédiction des Calissons l’après-midi à Saint Jean-de-Malte aux sons des fifres et des tambourins… Trois cloches de l’église ayant été confisquées et « canonisées par Bonaparte » en 1793 lors du siège de Toulon ont été coulées et remises en place en 2018 grâce à plusieurs mécènes ! « Ce retour de l’Histoire aura valeur de Symbole » selon l’ancien ministre, sénateur maire de Toulon : Les Trois cloches, dont Jeanne La Calissonne, Gérard, Augustine, bénies par l’Archevêque, carillonnent désormais avant l’office , le 1erdimanche de septembre chaque année! Enfin le pape François, lors de sa venue en Provence, vient récemment de remettre notre cité sous la protection de Marie Madeleine avec  ND de la Seds, patronne de la Ville, face à cette nouvelle pandémie qui ravage le monde.

Ne quittez pas Aix-en-Provence sans visiter le Grand Musée du Calisson de la Confiserie du Roy René avec sa plantation d’amandiers, à la Calade.  

 Bienvenue à tous au pays de la galéjade…et des Calissons !

logo : Julie Borrelly    WWW  benediction-calisson

 


 

La Bénédiction des Calissons à Aix-en-Provence

Son apport à la culture provençale

Une communication de Madame Claire Laurent, ingénieur CNRS parue en 2012 ©

Depuis dix-sept ans, une manifestation culturelle aixoise requiert l’attention du fait même de son succès : de 1000à 1500 participants chaque année. Pour avoir assisté au déroulement de la manifestation en 2009, son programme a été retenu pour l’étude de cette journée tant il s’avère explicite par les références tant historiques que culturelles qu’il mentionne : pour le matin 380ème célébration du vœu de Martelly de 1630 à la cathédrale Saint-Sauveur et l’après-midi entièrement dédié au calisson, cette spécialité emblématique de la ville. En effet le programme annonce successivement :

  • En intitulé sur la page de couverture : 14ème Bénédiction des calissons d’Aix – 380ème célébration du vœu Martelly de 1630.
  • En milieu de page, le cachet qui représente la Vierge aux calissons « manifestation labélisée par le Félibrige ».
  • En bas de page, en hommage à Mireille, héroïne provençale particulièrement fêtée en 2009 au théâtre à l’opéra… Un cachet « Miréio cent cinquantenari * Miréio 1859-2009* ».

Chacun de ces éléments s’insère dans une continuité du souvenir replacé dans une temporalité qui reflète l’évolution des mentalités : le sens du religieux, celui de la fête ; d’autres facteurs de circonstance sont autant d’éléments qui varient selon les époques et les événements extérieurs qui surviennent, affectent les comportements et modifient -souvent très lentement - les mentalités dont le sens et le besoin du religieux constitue un élément significatif et pérenne. C’est ainsi que certaines fêtes peuvent tomber en désuétude et parfois même renaître sous une forme nouvelle. Il arrive aussi que les participants eux-mêmes revendiquent de bonne foi une pratique au nom d’une tradition qu’ils croient immuable.

L’analyse des différentes composantes présentées sur le programme de 2009 va-t-elle permettre de comprendre le succès incontestable de cette manifestation culturelle crée en 1996 ? La bénédiction des calissons en est effectivement à sa 14ème édition en 2009, et toujours, en rappel d’une référence historique, le premier dimanche de septembre.

 

PROCESSION - CORTEGE – DEFILE : SOUS QUELS AUSPICES SE REUNIT-ON ?

La référence au vœu Martelly de 1630 marque l’attachement pour un fait religieux, temps fort de la vie aixoise au XVIIème siècle. Devant la crainte de la reprise d’une épidémie de peste dont on ne connaissait ni l’agent, ni les moyens prophylactiques pour se protéger, se placer sous la protection divine semblait le seul recours et a été utilisé en de nombreuses occasions (épidémies de peste, de choléra…) en de nombreux lieux, par exemple à Marseille au XVIIIème siècle. A Aix, pour honorer le vœu, la procession partait de la cathédrale Saint Sauveur pour se rendre à Notre-Dame-de-la-Seds ; les consuls et autres édiles locaux se plaçaient derrière le clergé. Aujourd’hui l’ordonnancement de la cérémonie est différent, même si l’on peut noter la présence de 1996 à 2009 d’édiles locaux quelle que soit leur appartenance politique : maire, conseillers municipaux, régionaux, certains ceints de leur écharpe officielle. Ainsi, comme au XVIIème siècle, la municipalité s’engage aux côtés de la population aixoise pour commémorer ce fait historique marqué par un vœu perpétuel.

Cependant la manifestation ne se veut en aucun cas une reconstitution historique du type de celles que l’association « Histoires d’Aix et de Provence » propose en divers lieux chaque année. La Grande fête du calisson d’Aix » a été créé à l’initiative de l’Union des Calissonniers en 1996. Un certain rituel est instauré puisque le texte de la Bénédiction écrit par le Prieur de la Fraternité des Moines Apostoliques établie à Saint Jean-de-Malte est récité chaque année. Cette fête emprunte certains éléments significatifs du passé pour créer un ensemble à la fois riche d’enseignement de l’histoire aixoise et porteur de modernité en valorisant un produit local – le calisson – et en faisant une large place à la culture provençale dont il fait partie. Ainsi la journée se déroule en deux temps distincts : Le matin, la lecture du vœu Martelly est faite à la cathédrale par le Conseiller Municipal délégué à la culture provençale et l’après-midi est dévolu à la fête autour du calisson, à travers la ville, à Saint-Jean-de-Malte et dans le quartier Mazarin.

 

RÔLE DU CLERGE

Une procession le long des rues d’Aix pour demander que la ville soit épargnée par la peste n’a plus lieu d’être, alors le clergé assiste seulement en la cathédrale Saint Sauveur à la lecture du vœu du XVIIème siècle, souvenir d’une foi populaire en des temps incertains.

L’après-midi, la deuxième partie de la fête a lieu à Saint-Jean-de-Malte pour la bénédiction des calissons proprement dite. Là aussi le clergé ne se déplace pas, il reçoit à l’entrée de l’église des représentants officiels : municipalité, élus régionaux, participants de groupes constitués, bien entendu ceux de l’Union des Calissonniers, d’autres comme les groupes folkloriques provençaux qui ont participé au défilé dans le centre de la ville avant de rejoindre Saint-Jean-de-Malte.

Le calisson d’Aix bénéficie d’une reconnaissance comme produit authentique régional, et une bénédiction de produits locaux s’observe ici pour le vin, là pour la truffe comme à Richerenches où chaque année au cours de la messe la quête se fait par l’offrande de truffes vendues ensuite au bénéfice de la paroisse. Le plus souvent ces fêtes autour de produits régionaux se placent sous l’égide de confréries dédiées et généralement avec référence à un saint patron, protecteur supposé de la récolte.

Le calisson d’Aix se place-t-il depuis sa création au XIXème siècle sous la protection d’un saint ? Certes non, mais un événement imprévu va lui procurer une belle protection, celle d’une « Vierge aux Calissons ».

 

LA VIERGE AUX CALISSONS : Une trouvaille !

Cette statue de la Vierge à l’enfant, reléguée dans les combles de l’église Saint-Jean-de-Malte sous un faux plafond réapparait lors de travaux de rénovation de l’église. Plusieurs campagnes de travaux ont mis en valeur la beauté sobre de l’architecture intérieure, d’où la mise à l’écart de plusieurs statues et décors. Mentionnons, sans en faire ici l’étude stylistique, que cette statue en bois, après examen par les services des Affaires Culturelles a été datée du XVème siècle et confiée, pour restauration, à Cécile Galienne, que le Crédit Agricole a apporté pour cela une aide de mécénat. L’on remarque l’intensité du bleu lazuli du manteau de la vierge. Il fallait un socle à la statue, alors, invention facétieuse, il est créé bleu avec incrustation de pierres blanches en forme de mandorles-calisson. Cette statue a été proposée aux Calissonniers, acceptée et présentée à la 3 ème bénédiction en 1998, puis elle a été consacrée à l’occasion de la 4ème bénédiction en 1999. Plus récemment elle a fait l’objet d’un jeton touristique édité par la Monnaie de Paris. Chaque année cette statue est portée en tête de cortège par des calissonniers et pâtissiers en tenue de métier. A la différence de la procession du XVIIème siècle (ecclésiastiques, consuls, suivis par des habitants dévots) le cortège de l’après-midi est profane; il peut être assimilé à un défilé par sa composition, les professionnels déjà cités et la participation de plusieurs groupes folkloriques régionaux de danses et de chants qui parcourent le centre-ville et offrent le spectacle à la foule massée sur le trajet et suit en joyeux désordre jusqu’à l’église Saint-Jean-de-Malte.

 

LA BENEDICTION DES CALISSONS : L’OFFRANDE DU CIERGE

Les représentants de la municipalité, les conseillers se rendent directement à l’église où ils sont accueillis à l’entrée par le clergé. Le maire allume alors le « cierge géant » offert par la ville selon la tradition aixoise empruntée au XIXème siècle. Bien sûr des cierges sont allumés pendant toutes les cérémonies religieuses mais la coutume du « cierge géant » a été introduite au XIXème siècle à Notre-Dame-de-la-Seds à la suite d’une épidémie de choléra en 1884. Selon la relation de l’abbé Marbot « Nous étions à la fin juin 1884…un cierge, timbré aux armes de la ville et offert par le concours de tous, avait brûlé aux pieds de la Madone…mais le peuple voulait une manifestation publique plus solennelle. Or un ukase de M. le maire Bédarrides avait interdit les processions. Mais M. Bédarrides n’était plus maire. Spontanément jaillit des rangs de la population l’idée d’adresser à son successeur, M. Gautier, une pétition demandant une procession à Notre-Dame-de-la-Seds, tandis qu’une souscription à dix centimes prépare un cierge monumental qu’on offrira à la Bonne Mère ». En tout temps le clergé s’est retranché derrière des manifestations dites spontanées.

Les premières années de la manifestation aixoise c’est monsieur Hubert Martelly (1), lointain parent de l’assesseur Martelly, qui présentait le cierge géant au maire, devant le public, sur le parvis de l’église. Ensuite à l’intérieur de l’église, après diverses lectures vient l’homélie.

 

L’HOMELIE

En septembre 2009, l’homélie de Monseigneur Christophe Dufour est sans équivoque ; elle commence ainsi : « Heureux ceux qui savent goûter les calissons d’Aix, ils entendront les cloches de la félicité »…promesse divine ou conviction publicitaire affirmée ! Il replace ensuite l’homélie « à la lumière de notre foi chrétienne, catholique et provençale », la Coupo Santo sera par ailleurs chantée à la fin de la cérémonie.

Les trois réflexions qu’il livre ensuite constituent en quelque sorte une synthèse de la cérémonie :

  1. « Quand Dieu donne, il donne par la bouche » suivi de citations de l’Ancien Testament (Moïse, la manne…)
  2. « La saveur est sagesse » : « L’homme sage n’est pas celui qui consomme mais celui qui savoure ».
  3. « Que la terre toute entière soit bénie…notre prière embrassera aussi notre terre pour demander sur elle la bénédiction de Dieu et répondre ainsi au vœu de Martelly sur notre ville ». La cérémonie s’achève par la bénédiction solennelle, par l’archevêque d’Aix et Arles, des corbeilles de calissons qui seront distribués, quelques centaines de mètres plus loin, auprès d’un podium dressé sur la place des Quatre Dauphins et à partir duquel plusieurs allocutions sont prononcées: celle du maire, en français, ayant pour thème l’actualité, puis celles du Capoulié du Félibrige et de Mme le Conseiller Municipal délégué à la culture provençale, en provençal.

 

LE CALISSON : SON APPARTENANCE A LA CULTURE PROVENCALE

Spécialité d’Aix-en-Provence incontestée, le calisson fait partie du patrimoine aixois, il est une marque déposée : la forme et la composition sont définies ; de plus l’UFCA (Union des Fabricants de Calissons d’Aix-en-Provence) a fait une demande d’IGP (indication géographique protégée) qui devrait aboutir dans les prochaines années. Le calisson a vu sa renommée grandir depuis le premier syndicat de défense du calisson créé en 1965 par Joseph Brissac, ancien propriétaire de la confiserie « A LA REINE JEANNE » sur le Cours Mirabeau. La bonne entente des fabricants regroupés dans l’Union des Calissonniers a fait le succès commercial et a également contribué au succès de la Bénédiction à laquelle ils participent chaque année.

En résumé, quels sont les éléments principaux qui caractérisent la bénédiction des calissons pour en faire une composante de la culture provençale ?

Le fait de la division en deux temps distincts: d’une part le matin à la cathédrale Saint-Sauveur, le rappel d’un vœu de foi populaire et le texte du vœu Martelly, mentionne « il serait fait vœu à Dieu et à la très glorieuse et sainte Vierge sa mère » ; il semble que la Vierge aux Calissons réponde à ce souhait; d’autre part, l’après-midi réservé à la fête profane célébrant le calisson. A noter que ces calissons bénis sont distribués largement au public; qu’ensuite les ventes de calissons augmentent c’est probable, tout comme par le passé celles des biscotins mentionnés par Noël Coulet à l’occasion des Jeux de la fête Dieu, d’autant qu’il est d’usage pour les participants aux fêtes, foires, pèlerinages de rapporter des souvenirs à la famille et aux amis. Le religieux et le profane distincts à Aix, sont par exemple plus imbriqués pour la bénédiction des navettes le jour de la Chandeleur à Saint-Victor à Marseille: le clergé se rend au Four des navettes pour les bénir mais aucune distribution n’a lieu, à chacun de les acheter. A Aix, au contraire, la distribution de corbeilles de calissons se veut partage et convivialité. La manifestation se déroule à la fois par un rituel et un caractère festif qui permet chaque année des variantes, des attractions nouvelles comme en 2009 l’invitation de la reine d’Arles accompagnée de gardians à cheval.

Par rapport au XVIIème siècle on remarque un déplacement vers le quartier ancien et touristique de la ville : Le quartier Mazarin, la place des Quatre Dauphins, Saint-Jean-de-Malte et la belle place rénovée devant le musée Granet (lui-même ancien prieuré). Le cadre est somptueux certes, toutefois la réussite de cette fête du calisson tient beaucoup aux références prises dans le passé historique de la ville et dans le légendaire provençal très riche pour lui permettre de s’inscrire en bonne place dans le calendrier des manifestations provençales, le calisson même serait né d’une légende du XVème siècle. Cette fête semble transcender les appartenances politiques ou religieuses, tout au moins celles des édiles locaux et de la plupart des participants locaux et touristes, mais pour beaucoup l’identité provençale revendiquée est constituée de parts d’histoires, de légendaire, de folklore et de christianisme; la fête du calisson répond à cette demande.

Le calisson a sa place dans la route gourmande et l’invitation « Venes toutei per li calissoun » garde son pouvoir d’attraction.

Claire Laurent, ingénieur CNRS

Avec l’aimable autorisation de l’auteur : Claire Laurent : PROVENCE HISTORIQUE T.LXII fasc.250, p 531/538 (2012)

(1) Monsieur Hubert Martelly, avoué à Aix-en-Provence, a pris une part active à la cérémonie pendant les premières années de la bénédiction des calissons. Aujourd’hui décédé, il n’a pu réaliser son vœu de réunir les descendants de la famille Martelly à l’occasion d’une bénédiction. Peut-être son vœu sera-t-il, lui aussi, exaucé cette année pour le 20ème anniversaire de la bénédiction des calissons d’Aix ?